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Channel: Le journal d'un Toulousain
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La Belle et le Corsaire

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25 octobre 2016. Déçu par la nouvelle version du "Corsaire" lors de sa création en 2013 par le Ballet du Capitole, je décide pourtant de retourner au Théâtre du Capitole pour revoir cette chorégraphie signée Kader Belarbi, et surtout apprécier de nouveau la musique d’Adolphe Adam interprétée par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Rarement présenté en France depuis sa création parisienne en 1856, dans la chorégraphie de Joseph Mazilier, "le Corsaire" s’appuie donc ici sur un argument retravaillé par Kader Belarbi à partir du poème de Lord Byron. Je m’attarde dans le programme sur le découpage musical détaillé scène par scène : le directeur de la danse du Théâtre du Capitole a conservé une large partie de la musique originale, mais la partition a été réagencée et étoffée de pages de Massenet ("Thaïs","Hérodiade", "Le Cid"), Lalo, Sibelius ("Le Festin de Balthazar") et Arenski ("Les Nuits égyptiennes"). Je parcours les propos du chef d’orchestre David Coleman qui s’est employé à réorchestrer une partie de la musique d’Adolphe Adam : «J’ai, par exemple, modifié l’instrumentation originale mais ai aussi composé de nouveaux morceaux. En pratique, cela signifie écrire une nouvelle partition. Certains morceaux utilisent des motifs déjà existants, d’autres sont des compositions inédites là où il n’y avait pas de musique adéquate. Dans d’autres cas, la musique originale a été conservée. Les choix artistiques ont été faits en concertation avec le chorégraphe Kader Belarbi, avant que mon travail ne commence. Ma responsabilité est de créer une partition qui donne vie à toutes ses idées. Kader et moi-même avons une formidable complicité d’esprit, ce qui rend notre collaboration exaltante et enrichissante». Le maestro retrouve la fosse du Théâtre du Capitole à l’occasion de la reprise de cette chorégraphie déjà représentée en Chine, en Italie et prochainement à Paris. Lors de cette dernière représentation, je suis comblé par les couleurs de l’Orchestre national du Capitole cultivées par la baguette, à la fois précise et élégante, du chef britannique sans cesse à l’affût des danseurs. Les rôles principaux sont assurés par de jeunes recrues de la compagnie. Le Cubain Ramiro Samón (photo) danse ainsi son premier rôle d’envergure à Toulouse, celui du Corsaire, personnage avec lequel il partage sa jeunesse radieuse et son énergie volubile. Face à l’effroyable cruauté du Sultan, campé avec mordant par Minoru Kaneko, et aux fourbes manipulations de sa Favorite jalouse, interprétée avec rigidité par Scilla Cattafesta, le Corsaire rayonne par sa fraîcheur irrésistible, son enthousiasme intrépide et sa virtuosité sans faille. Je découvre en Natalia Huet de Froberville (photo), nouvelle soliste de la compagnie toulousaine, une partenaire idéale dans le rôle de la belle Esclave prisonnière du Sultan. Victime fragile, la belle s’épanouissant avec une grâce toute délicate dans un élan amoureux déterminé. Je note que la chorégraphie obéit aux codes du ballet narratif du XIXe siècle. Je constate pourtant que l’académisme propre au genre est ici balayé par la scénographie discrète et transparente de Sylvie Olivé, les costumes colorés, légers et aériens d’Olivier Bériot, et les lumières éclatantes de Marion Hewlett. Je suis finalement charmé par l’orientalisme de ce spectacle où s’illustrent almées, odalisques, péris, derviches, janissaires : "le Corsaire" coule avec une évidente fluidité vers un triomphe partagé par tous les artistes mobilisés dans cette belle production. Je réalise alors que ma déception initiale était assurément le fait de la distribution de l’époque…
 

"Le Corsaire"© David Herrero
 
"Le Corsaire", du mardi 20 au jeudi 22 juin, 20h00,
au Théâtre des Champs-Élysées,
15, avenue Montaigne, Paris.
Tél. : 01 49 52 50 50.



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